quarta-feira, 1 de outubro de 2014

Tranches de vies dans les chambres de "bonnes".

Caliméro De La Plancha est un homme étonnant. En plus d’un aplomb colossal, il est persuadé d’être irrésistible et joue de ses origines espagnoles. C’est vrai qu’il est plutôt grand et bien bâti. Le fait qu’il ne parle pas du tout le français n’est pas un handicap et fait de lui le tombeur de ces dames.

Un jour, fraichement débarqué de ses Canaries, il rencontre une âme (qui ne pouvait être que bonne) qui lui déniche une chambre au 6ème sans ascenseur dans l’immeuble où elle-même habitait… Pas folle la guêpe !

Installé dans sa garçonnière du 16ème, il était fin prêt pour rouler (en plus des "R"), celles qui succomberaient à son charme ! Je ne savais pas que ce« Roulio » Iglésias  allait m’en faire voir de toutes les couleurs.

Caliméro De La Plancha dont l’égo n’a d’égal que sa passion pour les chansons de son alter latino, avait tracé des plans pour son avenir et pas n’importe lesquels : devenir  entrepreneur à son compte! Le seul hic pour lui (pour d’autres la barrière de la langue et le manque de moyens auraient été rédhibitoires) : il ne possède pas de fourgonnette. Qu’a cela ne tienne : il part chez sa voisine, fait un battement de cils, pose une main sur le cœur et ce pauvre diable obtient son véhicule !

Sauf que Caliméro  n’est pas très futé. Les clés en mains, il s’intéresse maintenant à sa logeuse. Armé de son air vulnérable et misérable,  il lui propose ses services d’entrepreneur et ça tombe bien : elle a des travaux à faire dans sa maison de campagne !

Fier de cette subite ascension sociale, il délaisse sa voisine et… la guerre des roses est déclarée entre l’escalier de service B et E!

Commence alors le jeu du chat et de la souris : serrure de porte de chambre forcée, boîte aux lettres détruite, détournement de courrier, bref…
Quelques excréments badigeonnés sur la porte de la bonne âme plus tard, une ordonnance restrictive a été appliquée à Caliméro de La Plancha.

Vous aurez remarqué que tous ces actes révèlent une personnalité masculine dotée d’un courage hors du commun car tout à été fait pendant l’absence de son ex-moitié…

Puis, c’est au tour de la logeuse de se rendre compte que Caliméro possède plus de qualités relevant de la psychiatrie que du bâtiment.

Après plusieurs loyers impayés et son contrat de location arrivant à échéance (ouf!), celle-ci entame une procédure d’expulsion. C’était sans compter sans les ressources inépuisables de son locataire, qui faute d'avocat, se pose en victime d'injustice...

Un après midi, j’étais dans la cour en pleine conversation avec l’une de ses voisines, quand nous le voyons passer d’un pas décidé avec un escabeau appartenant à l’immeuble et sortir dans la rue. Je me dis mentalement de prendre note de ce jour afin de référer l’absence de cet objet au syndic. Je ne savais pas que cette journée allait être mémorable !

Quelques minutes plus tard, on frappe à ma porte d’une façon répétée. J’ouvre et je vois une autre habitante du 6ème étage, d’origine russe, complètement défaite et excitée qui essaye d’entamer une conversation en français :

« Madame, madame ! Moussieu gron, trrès gron (elle fait le geste de la hauteur), spagnol je crroua !!!
-          Oui…. ?
-          Il  prrend scabo et hum ! (elle fait le geste d’appuyer l’escabeau contre quelque chose), scabo contrre arbre !
-          Oui…. ?
-        Là, moussieu monte sur scabo, prrend corde, attache à arrbre et après hum… (là elle fait le geste d’une corde passée autour du cou, et tire la langue sur le côté) et aargggghhhhhhh !!!!
-          Quoi ?
-          Aargggghhhhhhhh !
-          il s’est pendu ????!!!!
-          Da, da !!!
-          Il est mort ?????!!!!
-          Niet, niet ! pas mort ! Police arrivée!!!
-     Quelle chance il a eue! Un policier passait par là?
-     Niet ! Arbrre du moussieu  devant commissariat !! Police venue tout de suite et coupé corde ! moussieu pas mort !
-     Il est allé se pendre devant le commissariat ? à16h30 à côté d’une école à l’heure de la sortie des enfants ? et, sur une place pleine de terrasses de café de surcroit ! Il était sûr de se rater ! Hahahahaha ! Il est vraiment frappé !!!

Je regarde la tête effarée de Madame Beluga qui doit certainement penser que je suis un être insensible et monstrueux ! Je suis prise d’un fou rire et tente de lui dire que tout cela n’est qu’une mise en scène mais elle n’a pas l’air de comprendre !

Soudain, je demande : « et l’escabeau ? vous savez où il est ? »

Ç’en était trop pour elle , qui tourne les talons et repart dans sa chambre de service !